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Jack Malka (Pyrénées-Atlantiques, 3/6/2013)
Est-il possible que J. Pradier ait peint La Balançoire ou le hasard heureux de l'escarpolette de Watteau? Car je possède cette peinture signée « J. PRADIER » qui me vient de ma famille. Merci de me renseigner.
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Douglas Siler (7/6/2013)
Si votre tableau ressemble à celui-ci:
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il s’agit d’une copie du célèbre tableau de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), Les hasards heureux de l’escarpolette (1767-1768). Or Pradier semble s’être inspiré de Fragonard pour deux de ses statuettes érotiques: Femme au polochon, à gauche ci-dessous (cat. Claude Lapaire n° 486), et La Gimblette, à droite (ibidem, n° 495) :
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Par rapport à la seconde il a laissé ce dessin:
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où il se souvient ostensiblement de La Gimblette de Fragonard:
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Toutefois, si Pradier a composé une poignée de tableaux originaux à sujets mythologiques et religieux ainsi que des portraits, il n’a jamais, à ma connaissance, copié des tableaux d'autres artistes, et encore moins signé de telles copies. Je m’étonnerais donc que la signature sur le vôtre soit authentique à moins qu’il ne s’agisse de son fils John Pradier, qui était peintre.
Pourriez-vous m’envoyer une photo de votre tableau ainsi qu’un agrandissement de la signature et des inscriptions au dos de la toile, s’il y en a?
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Jack Malka (9/6/2013)
C'est exactement ce tableau-là, avec la signature « J. PRADIER » en bas à droite, le « E » avec les traits en angles droits:
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Je tiens a préciser que j'ai toujours vu ce tableau chez mes parents et ça date depuis plus de 60 ans. Est-il possible de copier un tableau de Fragonard et signer « J. PRADIER » ?
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Douglas Siler (15/6/2013)
C’est donc bien une copie du tableau de Fragonard. Il me semble peu probable qu’elle ait été faite par James Pradier mais il n’est pas impossible qu’elle soit de son fils John, qui peignait un peu dans ce style. Il faudra que je fasse encore quelques recherches dans ma documentation. En attendant pourriez-vous prendre une photo avec plus de recul, montrant le tableau entier, y compris le cadre, ainsi qu’une autre montrant tout le cadre vu du dos? Car il est important que je puisse comparer son cadre avec ceux des tableaux connus de John Pradier. Il me serait utile aussi de connaître les dimensions du tableau, avec et sans cadre. Enfin, savez-vous où et à quelle époque vos parents l’ont acquis? Je précise que John Pradier est né à Paris en 1836 et mort à Asnières en 1912.
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Jack Malka (15/6/2013)
Je ne sais pas à quelle époque le tableau a été acquis mais avant 1950. Le tableau se trouvait sur un chevalet, un cadre en relief avec des moulures. Mon ex-femme avait remplacée sans me le dire ce merveilleux cadre pour le remplacer par une horreur! Dimensions: environ 55 cm x 40 cm. Rien n'est écrit sur le dos du tableau.
Voici d'autres photos, côté recto et côté verso:
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Douglas Siler (21/6/2013)
Dommage que le cadre d'origine n’ait pas été conservé. A titre de comparaison, voici deux tableaux encadrés de John Pradier, Clairière avec pasteur au repos, 1888 (à gauche), et Avant l'orage, le bal des feuilles, 1905 (à droite):
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Sans cadre le tableau à gauche mesure environ 38 cm x 46 cm et l'autre environ 33 cm x 46 cm. Par leurs dimensions donc ils sont assez proches du vôtre. Si votre cadre original était du même type, ce serait aussi un petit indice en faveur d'une attribution au fils du sculpteur.
Élève de Jean Gigoux (1806-1894) et de Charles Gleyre (1806-1874), John Pradier a peint et dessiné des paysages, des portraits et des scènes de genre, dont plusieurs inspirés par un court séjour en Algérie en 1874. Après quelques années passées à Genève où il s'est surtout consacré à la musique, il regagne Paris en 1871, trouve un emploi à l'administration des Beaux-Arts et tient jusqu'en 1882 un journal intime dans lequel il mentionne souvent les tableaux qu’il est en train de faire ou qu’il vient de terminer. Voici quelques titres et descriptifs, choisis au hasard:
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Ciel orageux avec arbres plus ou moins violentés et deux oiseaux qui fuient sur une pleine immergée (9 août 1874);
Aquarelle représentant la porte turque des bureaux de la comptabilité de la marine à Alger (27 déc. 1874);
Coup de vent aux portes d’Alger (20 août 1876);
Un curé de campagne affrontant la neige en compagnie d’un enfant de chœur et s’en allant porter l’extrême onction à un moribond (16 oct. 1876);
Famille de bûcherons cherchant du bois dans une forêt toute couverte de neige (3 mai 1877);
Tête d’Odalisque (6 nov. 1877);
Café Maure à Alger (18 août 1878 et 23 mai 1880);
Près de la Kasbah à Alger (27 févr. 1881).
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Si aucune copie de Fragonard ne figure parmi les tableaux cités dans son journal, on y relève par contre ceci, sous la date du 30 septembre 1875:
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« Lina [son épouse], B.M. [« Bonne Maman », sa belle-mère] et les enfants viennent voir la copie que je fais au Louvre d’après le paysage de Salvator[e] Rosa qui se trouve au Louvre dans la grande galerie au bord de l’eau et représente une roche éclairée par un rayon de soleil, sur cette roche des soldats cuirassés et au premier plan un chasseur. C’est ainsi que j’ai employé mes vacances qui se terminent lundi. Le tableau à peu près fini est jugé bon par la petite famille réunie. Je l’ai soigné, en effet, car je le destine aux acquisitions du gouvernement. »
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L’année suivante, sous la date du 12 mars 1876, il précise:
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« Lettre du marquis de Chennevières, directeur des Beaux-Arts, m’annonçant que ma copie de Salvator[e] Rosa est achetée 500 fr. par le gouvernement. Elle est destinée à un musée de province. »
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Il s’agit de la grande huile sur toile de Salvatore Rosa (1615-1673), Paysage rocheux avec un chasseur et des guerriers, toujours conservée au Louvre:
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J'ignore dans quel musée de province la copie de John a échoué. J'ignore aussi s'il a fait d'autres copies de ce genre après avoir cessé de tenir son journal en 1882. Il a certes continué de peindre longtemps après cette date. A noter cependant que l'original de L'escarpolette de Fragonard n'est pas au Louvre. Il appartient à la Wallace Collection, à Londres, et à ma connaissance John ne s'est jamais rendu en Angleterre. Si donc c'est lui qui a signé votre tableau, il a dû travailler d'après une reproduction.
Reste la comparaison stylistique. Je ne suis aucunement expert en peinture et, de toute façon, il est toujours hasardeux de comparer des photos. Mais en confrontant la photo de votre tableau avec certains tableaux de John Pradier, on a l'impression d'y retrouver sa manière de peindre. Voir par exemple, outre ceux que j'ai reproduits plus haut, les deux tableaux ci-après, Paysage avec étang, 1897 (à gauche) et La vie heureuse, 1908 (à droite):
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A noter enfin que Pradier père possédait un certain nombre de tableaux et de gravures, anciens et modernes, dans son appartement du quai Voltaire et dans ses ateliers de l'Institut. Parmi les anciens, l'inventaire dressé après son décès en 1852 énumère, entre autres, « une copie de l'Infante d'après Velasquez » prisée 40 francs, une « Scène familière, genre Greuze » prisée 60 francs, un « Paysage avec figures attribué à D. Téniers » prisé 200 francs, « un tableau Sainte Rose par Lucas de Giordano » prisé 80 francs, etc. Mais aucune reproduction de Fragonard, ni peinte ni gravée. En revanche, dans le boudoir de l'appartement, une œuvre dont la valeur estimée dépasse de loin celle de tous les tableaux inventoriés: « un paravant de six feuilles représentant des sujets pastoraux peints par Watteau », prisé 2.000 francs ».
Ce même paravant est décrit plus longuement dans le catalogue imprimé de la vente après décès de Pradier: « 72. Antoine WATTEAU. Un paravant de six feuilles arabesques; au milieu de chacune, deux figures pastorales. Il a été peint par Watteau lorsqu'il était chez Claude Audran, peintre d'arabesques pour les châteaux royaux. »
On trouve sur internet quelques informations concernant les paravants peints par Antoine Watteau (1684-1721), dont certains ont été gravés par Louis Crépy, dit Crépy fils (168.-1760). Or, une de ces gravures représente précisément « Une jeune personne sur une escarpolette » !
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Ce n'est pas, certes, la scène peinte par Fragonard mais la coïncidence est tout de même frappante. Et peut-être est-ce le souvenir de cette image, qu'il a dû souvent contempler dans l'appartement familial, qui a amené John Pradier à reproduire l'œuvre de Fragonard si c'est effectivement lui qui a fait et signé le tableau en votre possession.
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Jack Malka (22/6/2013)
Le cadre ressemblait plutôt au cadre de droite que vous avez reproduit ci-dessus, avec un peu plus de moulures comme si le tableau était enfoncé. Est-ce que John Pradier signait ses tableaux « J. Pradier » ? Si c'est un « Pradier », est-il côté?
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Douglas Siler (25/6/2013)
D'après votre description, le cadre disparu semble bien avoir été dans le style de ceux qui entourent certains tableaux de John Pradier. Mais quand bien même ce serait le cas, ce ne serait qu'un indice car rien ne prouve qu'il fût contemporain du tableau. Bref, mieux vaut chercher d'autres pistes.
En ce qui concerne la signature de John et la valeur marchande de ses peintures, voici dans l'ordre chronologique une « anthologie » des ventes que j'ai repérées au cours des dix dernières années:
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Paysage de l'oued.
Huile sur toile, H. 27 x L. 41 cm (hors cadre), H. 45 x 59 cm (cadre).
Plaque de cuivre sur le bas du cadre gravée « Pradier ».
Vente ebay, 15 déc. 2005, adjugé 505 euros.
Avant l'orage, le bas des feuilles.
Huile sur toile, H. 33 x L. 46 cm (hors cadre), H. 48 x L. 61,5 cm (cadre).
Titré, signé et daté au dos: « Avant l'orage / Le bal des feuilles / John Pradier / 1902 / Meudon. ».
Vente ebay, 23 déc. 2005, adjugé 279 euros.
Maison d'Abd El Kader à Alger.
Huile sur toile, H. 19 x L. 23 cm.
Titré, signé et daté au dos: « Maison dite / d'Abd El Kader / à Alger / John Pradier / Alger 9bre 74 ».
Hôtel des Ventes de Narbonne, 31 mars 2007, adjugé ???
Paysage avec étang.
Huile sur panneau, H. 16 x L. 21 cm (hors cadre, H. 28 x L. 34 (cadre).
Signé au dos et daté de 1897.
Vente ebay, 11 déc. 2007, adjugé 240 euros.
Soldat devant le torrent.
Huile sur toile, H. 63 x L. 50 cm.
Monogrammé « BG » selon le catalogue de vente (probablement « JP » mal lu).
Vente Artcurial Deauville, 3 mai 2008, estimé 300-500 euros, non vendu.
La Vie heureuse.
Huile sur toile, H. 46 x L. 33 cm (hors cadre).
Signé, daté et titré au dos: «John / Pradier / 1908 / la Vie / heureuse ».
Vente Auxerre Enchères, 26 sept. 2009, adjugé 150 euros.
Le fumeur de pipe.
Huile sur toile, H. 27,5 x L. 22 cm.
Signé et daté 59 (?) au dos.
Hôtel des Ventes de Pont-Audemer, 17 janv. 2011, adjugé ???.
Scène de campagne.
Huile sur panneau, H. 19 x L. 24 cm.
Signé au dos et daté « 93 ».
Vente Art Valorem (Paris), 14 juin 2012, estimé 200-300 euros, non vendue.
Tombeau de Jean II Le Meingre (copie du tombeau au basilique Saint-Martin de Tours).
Huile sur papier, H. 33,7 x L. 34 cm.
Signé « John Pradier » en bas à gauche.
Vente ebay, 6 nov. 2009, adjugé 51 USD, et vente ebay, 19 févr. 2013, adjugé 52 USD.
Clairière avec pasteur au repos.
Huile sur toile, H. 38 x L. 46 cm (hors cadre).
Monogrammé « JP » en bas à droite. Signée au dos et datée « 88 ».
Vente Dawo Auktionen, Saarbrüken-Scheidt, 28 févr. 2013, prix de départ 300 euros, adjugé ??? euros.
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Vous trouverez des photos de ces tableaux ainsi que d'autres informations dans la rubrique « Ventes » du Forum Pradier. Par ailleurs, le site www.artprice.com signale deux ventes plus anciennes:
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Portrait de femme
Vente Pillon (Calais), 6 août 1992, adjugé ???
Romantische Waldlandschaft bei Mondschein [Paysage forestier romantique au clair de lune]
Schuler Auktionen (Zurich), 12 mars 1997, adjugé ???
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Pour avoir accès à plus de détails sur ces deux ventes, dont les prix d'adjudication, il faut être abonné au site artprice (je ne le suis pas). Mais celles que j'ai citées plus haut donnent déjà une idée de ce que peut valoir un tableau de John Pradier tout au plus quelque 500 euros et de ses différentes manières de signer. Le plus souvent, semble-t-il, il signait « John Pradier ».
Quant aux signatures qu'on peut lire sur les quelques rares tableaux peints par James Pradier, elles varient de l'un à l'autre. Une huile sur toile conservée au Musée d'art et d'histoire de Genève, Vénus empêche Énée de tuer Hélène, 32,5 x 40,5 cm, porte tout simplement, en bas à gauche, le nom « Pradier ». Sa signature sur une autre petite huile, Une scène mythologique (La Nymphe au bain), 32 x 40,5 cm, également au MAH de Genève, est identique à celle dont il signait ses lettres: « J. Pradier », en cursive, en bas à droite. Enfin, son tableau La Vierge et l'Enfant, 35 x 26 cm, légué au musée de Besançon par Jean Gigoux (à qui John l'avait vendu après 1877), est signé, comme le vôtre, en majuscules, « J. PRADIΣR », mais en haut à droite plutôt qu'en bas à droite et avec un sigma à la place du « E ».
En fin de compte, hélas, tout cela ne permet pas de dire qui a fait votre copie, ni quand, ni pourquoi...
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Jack Malka (26/6/2013)
Connaissez-vous le prix des enchères sur les tableaux de James Pradier à Genève et ailleurs? Et Connaissez-vous un expert dans ma région qui pourrait coter le tableau?
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Douglas Siler (26/6/2013)
Je n'ai connaissance que d'un seul tableaux de James Pradier qui a été mis aux enchères: un portrait intitulé Mlle A. V... en robe blanche, dans son cadre d'origine doré et sculpté, H. 92 x L. 56,5 cm, signé et daté vers la gauche en bas « J. Pradier 1837 ». Ce portrait était évalué 30.000 à 40.000 francs à la vente Ader-Tajan (Paris) du 17 décembre 1993. J'ignore s'il a trouvé preneur. Les autres tableaux dont j'ai parlé plus haut sont dans les musées depuis plus d'un siècle. Consacrant tout son temps à la sculpture, Pradier n'a essayé sa main que très occasionnellement à la peinture, comme délassement ou comme défi.
Vous trouverez sur le site www.interencheres.com, en cliquant sur l'onglet « Commissaires-Priseurs », les adresses de plusieurs maisons de vente dans le sud-ouest de la France. Entre autres la maison Biarritz Bayonne Enchères (Maître Carayol), qui proposait il y a quelques années une Femme à la lyre (Sapho assise) de James Pradier estimée 1.000-1.200 euros.
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Jack Malka (27/6/2013)
Avant de le mettre en vente, j'aimerais le faire expertiser pour savoir si ce tableau est de « John » ou de « James ». Il a toujours été dit chez moi qu'il avait de la valeur.
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Douglas Siler (27/6/2013)
Je doute que vous trouviez un expert qui puisse vous donner des indications plus probantes que celles que je vous ai communiquées. Votre tableau n'étant qu'une copie d'un tableau très connu de Fragonard, il ne pourrait avoir de la valeur que pour un amateur non averti qui le prendrait pour une composition originale de James Pradier. En ce qui concerne la signature j'ai oublié de vous signaler mais vous trouverez beaucoup de choses à ce sujet sur ce site qu'il y a une abondance de sculptures sur le marché qui portent une fausse signature Pradier et qui, là aussi, sont souvent des copies d’œuvres anciennes facilement identifiables.
Si quand même vous faites expertiser votre tableau, je vous serai obligé de me communiquer les résultats.
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Jack Malka (27/6/2013)
Effectivement, j'avais vu sur votre site que James Pradier était « Sculpteur » (connu). Normal que nous trouvions des sculptures avec des fausses signatures. Mais je ne comprends pas pourquoi un peintre ferait une copie de Fragonard et signerait J. Pradier. Lorsque je ferai expertiser le tableau, je vous communiquerai les résultats.
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Douglas Siler (27/6/2013)
Je viens de constater dans ma documentation que le Musée d'art et d'histoire de Genève possède deux autres tableaux de James Pradier que j'ai omis de vous signaler. L'un, intitulé Clélie, jeune Romaine donnée en otage à Porsenna, quitte le camp, huile sur toile, 41 x 32,5 cm, porte en bas, au milieu, une signature « J. Pradier », en cursive, comme celle dont l'artiste signait ses lettres. Mais contrairement aux deux autres tableaux dont j'ai parlé plus haut, celui-ci n'est au musée que depuis quelques années, acheté en 1985 à un particulier genevois. Je ne sais à quel prix.
Le quatrièmre tableau conservé au MAH de Genève est une Pietà, huile sur toile, 82 x 64,5 cm, don de la famille de l'artiste en 1852. La signature « J. PRADIER » est entièrement en capitales romaines, au-dessus de la date 1838. Elle ressemble donc à celle qui figure sur votre tableau, sauf que les caractères sont plus soigneusement espacés et inscrits sur une ligne plus droite.
Pouvez-vous vérfier si votre tableau ne porte pas de date à côté de, ou sous, la signature, peut-être partiellement recouverte par le cadre?
Pour être aussi complet que possible, je vous signale enfin une huile sur calque attribuée à Pradier L'Entrée des Croisés à Constantinople, 21,3 x 16,8 cm, non signée (?), conservée à l'École des beaux-arts de Paris (legs Jacques-Édouard Gatteau, 1883), ainsi qu'un grand « paysage historique » au Musée des beaux-arts de Guéret, dimensions non précisées, signé en bas à droite « Pradier » en lettres cursives. Dans ce même musée un tableau intitulé Œdipe repoussant Polynice, signé au dos par son auteur, Auguste Charles de La Berge (1807-1842), qui l'aurait présenté à l'un des concours de l'École des beaux-arts de Paris, et signé aussi, sur le devant, en bas à droite, « Pradier » vraisemblablement par James Pradier dans sa qualité de professeur de l'école et membre du jury.
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Vous pouvez lire un article à ce sujet intitulé « Musée de Guéret: ne pas se fier à la signature » en cliquant ici. A remarquer cependant, par rapport à votre tableau, que les élèves de l'école ne participaient pas aux concours avec des copies.
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Douglas Siler (4/7/2013)
Comme je l'ai signalé plus haut (voir mon intervention du 21/6/2013), John Pradier a fait en 1875 une copie d'un tableau de Salvatore Rosa qui fut acquise par le gouvernement pour un musée de province. Or en relisant son journal intime je rencontre d'autres mentions de copies de tableaux. Ainsi en mars 1874 il exécute chez « le comte et la comtesse de Chauvigny, 1 rue Royale », un grand pastel d'après une peinture attribuée à Delacroix représentant « un cavalier arabe enlevant une femme ». Le 13 juillet 1875, à la demande d'un « M. Nobilleau, archéologue de Tours », il copie à la Bibliothèque nationale une gravure du « tombeau du maréchal de Boucicaut (le père de celui dont j'ai fait également à la Bibliothèque une aquarelle je ne sais plus pour qui) » et une autre des « armes du frère Pierre de Savennières ». Le 16 juillet suivant il reçoit une lettre du même lui demandant un 3e dessin, ce qui enchante son épouse, précise-t-il, « car c'est un billet de 100 francs à ajouter aux deux autres. ». Le 20 juillet il montre son dessin du tombeau à M. Nobilleau « avant de le donner à coller pour le terminer à la gouache ». Le 18 septembre suivant, « M. Nobilleau emporte les dessins commandés par lui et terminés depuis plusieurs jours, à savoir les 2 aquarelles de Boucicaut représentant l'une le tombeau du père, l'autre celui du fils, connétable de Constantinople, éclarié par un rayon de lune puis les 2 portraits équestres au crayon noir, dans le style de gravures anciennes de ces 2 personnages ».
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Geneviève Marchand (7/2/2015)
J'ai un tableau l'Escarpolette. Je ne vois pas de signature, pourtant c'est une toile. Voici une photo:
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Douglas Siler (9/2/2015)
En comparaison avec les photos de la copie signée « J. Pradier » dont il est question ci-dessus, la vôtre je présume qu’il s’agit d’une copie et non d’un original! semble beaucoup plus fine et détaillée. Connaissez-vous sa provenance? Vous ne trouvez donc aucune signature en bas à droite ou ailleurs, aucune indication au dos?
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Geneviève Marchand (7/2/2015)
Non, je ne connais pas la provenance et il n'y a pas de signature. Au dos juste écrit sur le bois du cadre « J. H. FRAGONARD L'ESCARPOLETTE ».
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Douglas Siler (9/2/2015)
Si votre tableau est une véritable huile sur toile, peinte à la main, et non une simple reproduction mécanique, ce doit être une copie faite par un peintre assez habile mais probablement pas par celui qui a peint la copie signée « J. Pradier », lequel, ce me semble, a interprêté l’original d’une manière plus floue et moins fidèle à l’original. Mais n’étant nullement spécialiste en peinture, je ne peux mieux faire que de vous conseiller de le montrer à quelqu’un de compétant dans le domaine qui pourra vous renseigner mieux sur sa valeur et son authenticité.
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Geneviève Marchand (10/2/2015)
Savez vous où je peux aller faire estimer ce tableau?
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Douglas Siler (12/2/2015)
Ne sachant pas où vous êtes, je ne peux que vous conseiller de chercher une maison de vente aux enchères ou un antiquaire près de chez vous qui vous fera une expertise gratuite. Mais il ne faut pas vous faire d’illusions, je crains bien que votre tableau ne soit qu’une copie moderne faite à la main telle qu’on en trouve à gogo sur internet. Voir par example ici.
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Frédéric Rosset (20/12/2016)
Nous avons depuis quelques générations ce tableau de paysage signé « Pradier » :
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Il semble s'apparenter au style de certains James Pradier qui apparaissent sur le Forum Pradier. Pensez vous qu'il ait été peint par lui? Ou que ce soit un autre Pradier, ou un plagiat?
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Douglas Siler (17/1/2017)
James Pradier n'a laissé que très peu de peintures, principalement des scènes mythologiques ou religieuses et des portraits. Vous pensez donc probablement aux tableaux de son fils John dont certains (voir ci-dessus) peuvent être rapprochés de votre paysage. A noter pourtant qu’il signait habituellement « John Pradier », sur le dos de ses tableaux. et non « Pradier » tout court dans le tableau même. A noter aussi que pour les années 1872-1882 il a laissé un volumineux journal intime dans lequel il décrit succinctement la plupart des tableaux qu’il a peints pendant cette période, parfois en complétant sa description par un petit croquis. Ayant revu ce journal ces jours-ci, je n’y ai trouvé aucun qui pourrait correspondre au vôtre. Ce n’est pourtant qu’un indice puisqu’il a fait de la peinture avant de l'avoir commencé et longtemps après l'avoir abandonné.
James Pradier avait trois frères qui ont aussi été artistes. L’aîné, Charles-Simon (1783-1847), était surtout graveur mais les deux autres, David (1788-1835) et Christian (1794-1831), étaient peintres. Il n’est donc pas impossible que votre tableau soit de David ou de Christian. Cependant, à part quelques rares portraits, aucune de leurs œuvres, à ma connaissance, n’a été retrouvée.
Il y a évidemment d’autres peintres Pradier sans lien de parenté avec James Pradier et dont l’un ou l’autre pourrait avoir signé votre paysage. On rencontre souvent, par example, un Raoul Pradier, né en 1929, mais il me semble qu’il peint dans un tout autre style.
Pouvez-vous me dire le nom du premier membre de votre famille à qui ce tableau a appartenu? Si cela remonte au XIXe siècle il ne serait pas impossible qu’il soit mentionné dans le journal de John Pradier.
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